Médicalisation et médication de la souffrance: le rôle des approches médicales et de la médication dans les réponses apportées aux besoins des jeunes hébergés dans des Auberges du coeur de Québec et de Chaudière-Appalaches

Cette étude s'intéresse à la place des approches médicales et de la médication psychotrope dans les services et interventions offerts aux jeunes en difficulté hébergés dans des ressources communautaires autonomes (Auberges du coeur) de Québec et de Chaudière-Appalaches (Québec). Notre devis s'appuyait sur des méthodes qualitatives: 33 entrevues individuelles et 4 groupes de discussion; analyse thématique des contenus. Nos résultats font ressortir que: (a) l'implication médicale se produit sur les plans interactionnel, conceptuel et institutionnel; (b) comme les processus de médicalisation, les médicaments eux-mêmes doivent être considérés dans leurs dimensions extra-thérapeutiques. En ce sens, les médications psychotropes prescrites aux jeunes fréquentant des Auberges du coeur sont plus que des molécules dont l'usage répond à une rationalité strictement médicale: il s'agit de « phénomènes sociaux » impliquant divers acteurs (individus, groupes et organisations) ainsi que des institutions. Dans ce contexte, devrait-on parler de la « socialisation du médical » autant que de la « médicalisation du social »?

This study focuses on the place of medical approaches and psychotropic medications in services aimed at teenagers and young adults hosted in community-based shelters (Auberges du Coeur) in Quebec City and the Chaudière-Appalaches region of Quebec. We used qualitative methods: 33 individual interviews and 4 focus groups, and theme-based content analysis. Results showed that: (a) medical involvement takes place at the interactional, conceptual, and institutional levels; (b) like the medicalization processes, medications themselves must be considered in their extra-therapeutic dimensions. In this sense, psychotropic medications prescribed to the youth hosted in Auberges du Coeur are more than molecules used according to a strictly medical logic: they are “social phenomena” involving a variety of actors (individuals, groups and organizations) and institutions. In this context, should we refer to the “socialization of the medical” as well as to the “medicalization of the social”?